- Ca sent le Sapin
Quand arrive la mi-décembre, la fausse neige et les grands froids
Les radiateurs dans les chambres, les engelures au bout des doigts
Les vitrines absolumantes
Les promos sur le foie gras
La nuit à dix-sept heures trente et les petits cadeaux plein les bras
Ça sent le sapin
Ça sent le sapin
- Canicule
Il a fait beau ces derniers jours
Il a fait chaud, il a fait lourd
Mais c'est bizarre depuis hier
C'est le cagnard, c'est le calvaire
Je suis à plat sur le carrelage
Et malgré ça je suis en nage
Dès que je bouge hanche ou mollet
Je vire au rouge ou au violet
- Ce soir
Ce soir
Viens me voir viens boire viens t'asseoir
Ce soir le veux-tu je te porterai aux nues
Cette nuit
Tant pis pour ces puritaines d'étoiles rousses
Cette nuit je lève ma coupe à la lune douce
C'est elle que je loue
De la lie jusqu'à la mousse
- Cheval De Feu
Viens par ici cheval fumant
Viens dans le giron de maman
Je t'attendais du bout des lèvres
Allongé sur ma peau de chèvre
Approche un peu cheval docile
Approche voir ce beau missile
Il fait si chaud dans mon varech
Que je pourrais te cuire le steak
- Douze Fois Par An
Douze fois par an régulièrement
elle se tord de douleur
se mord les doigts dans son lit
étouffant ses cris
elle a mal
Ce mal vif et lourd la tient nuit et jour
c'est ça être une femme
- Fleur de peau
Je n'ai jamais caché mon corps
Sous des voilures opaques
Je n'ai jamais dû me courber
Je n'ai jamais tremblé de peur
Au son d'un parquet qui craque
Jamais dû me planquer
Je n'ai jamais connu la guerre
Ni la morsure du froid
- Hommes Perdus
Vous mes morts et vous mes vivants vous mes hommes perdus
Ne vous poussez pas trop dans les rangs
C'est assez grand
Vous mes morts et vous mes vivants vous mes chers disparus
Parlez sans crier je vous entends
Je vous entends
Saltimbanque qui me manque sur ta route va
- Je Voudrais Dormir
Je suis debout dans la cuisine et je ne pense à rien.
Enfin à rien, c'est difficile, même impossible.
Y a toujours un petit quelque chose qui vient on ne sait d'où,
un détail sur le mur le papier peint, une parole pas digérée.
Quand on voudrait avoir la tête vide ça nous vient comme ça.
Je voudrais dormir.
- L'An 40
D'où vient cette lumière au-dessus d'elle?
Et ce pas de louve caressante
Ces hanches qui roulent, faciles, naturelles
Est-il un amour qui la hante?
C'est peut-être juste l'an 40
On dirait quelques fois qu'elle a des ailes
Ou comme une audace l'insolente
Un avis nouveau, une envie nouvelle
- L'art d'aimer
Je veux être un champ de blé
Battu par l'orage
Ébouriffé par le vent
Chauffé par les pierres
Cuisant au soleil brûlant
Je te veux comme un vol d'hirondelles
Libre et sans autres chemins
Que celui que trace tes ailes
- L'eau
Oh! C'est l'eau, c'est l'eau
C'est l'eau qui m'attire, c'est l'eau
Même l'eau de mer au coeur de l'hiver me surprend
Même l'eau chlorée l'eau décolorée me fait plonger
Même l'eau de mer au coeur de l'hiver me détend
Même l'eau chlorée l'eau décolorée me fait nager
- La peau sur les os
Au pied du volcan, dans mon lit de camp
Je pense à toi quand tu t'endors à coté de moi
La nuit est fournaise, ta bouche une fraise
Je suis comme braise, ah oui mais toi tu n'es pas là
Mes cheveux trop courts me crient au secours
Je coupe toujours et dans mon crâne, il y a ta voix
On est bien ensemble parce qu'on se ressemble
Enfin il me semble mais comment être sûre de ça ?
- La Valse Des Etiquettes
Dix euros le Soldat
J'ajoute trois zéros
Et abracadabra
Ca fait dix mille euros !
Cette poupée est trop belle
Il lui faut un peu d'aide
Une robe en sac poubelle
Oh lala c'qu'elle est laide !
- Le feu aux joues
J'habite mon corps de petite fille
Fines attaches de brindilles
Coups des genoux griffés sérieux
Cheveux mouillés à la piscine
Planche à dessin sur la poitrine
Mouton de nacre mystérieux
Le feu aux joues qui monte, qui monte
Qui vient toujours avec la honte
- Le petit voisin
Le petit voisin s'appelle Jocelyn avec un P avec un F comme dans Martine.
Le petit voisin il a un grain, de sel ou bien de sable, ou bien de caféine.
Le petit voisin habite au-dessus de chez nous qui, évidemment, sommes en-dessous.
Il prend des cours de Ju-Jitsu mais n'est pas mauvais, n'est pas mauvais pour deux sous.
Et, dans tout l'immeuble, crado mais sympathique, on se chicane, on se cherche, on s'engueule gentiment.
Mais le petit voisin, il est total stoïque.
- Les photos de mariage
Il m’a demandé si je voulais bien l’épouser, j’ai dit oui tiens pourquoi pas, c’est l’occasion de se marrer.
Il m’a regardée, ses yeux sont devenus foncés, c’est que les choses sérieuses, a-t-il dit, allaient commencer. Il m’a emmenée près de la rue des Hauts Pavés. Dans ce petit magasin de photos diverses et variées, on a regardé ces couples de jeunes mariés prenant intelligemment des poses et des airs détachés.
On avait le choix (et même l’embarras du choix) pour s’inspirer de l’un d’eux et immortaliser la joie qui nous transperçait. Qui nous rendait joliment gais, si heureux, si pleins de bonheur à venir que j’en baillais. Ma chérie, tu vois la fille au fond sous les lilas en amazone avec le bras désinvolte, on dirait toi.
Oui, c’est un peu vrai, mais je lui trouve le regard niais… C’est à ça que je pensais quand j’ai dit qu’elle te ressemblait.
Allez, on va se marier pour l’éternité.
Prenons la pose et sourions.
- Ma Vie En L'air
Tout s'annon?ait si diff?rent
Tout nous semblait un peu plus grand
On aurait d? se r?veiller
Sur le m?me oreiller
- Merci
Merci
Pour le haut plateau de Belleville
D'où je vois toute la ville
Et pour le vent qui tourne autour
Des fenêtres de la tour
Pour le trottoir ruisselant
Pour le café les croissants
- Mon Premier
Mon premier fait mal l'amour mais il est brillant
Mon second fait bien l'amour mais il est navrant
Mon troisième me fait fuir quand il est trop proche
Mon quatrième me fait rire mais il est trop moche
Mon tout, je le cherche en vain, ici ou là-bas
Je le traque, mais je crains qu'il n'existe pas.
- Mon Second
Mon premier est émotif mais parle en dormant
Mon second est créatif mais veut sa maman
Mon troisième a l'air viril mais ses mains sont moites
Mon quatrième est subtil mais il est de droite
Mon tout, je le cherche en vain, ici ou là-bas
Je le traque, mais je crains qu'il n'existe pas.
- On dirait que c'est normal
Il suffit que tu te réveilles, un jour à peu près ordinaire
Pour que résonne à tes oreilles comme un écho des millénaires
Il suffit d'un matin trop tôt pour que le monde dorme encore
Tu ne connais pas bien les mots, tu ne connais pas bien ton corps
On dirait que c'est normal
Il suffit que tu aies six ans pour ignorer ce qui va suivre
- Parfait Inconnu
Ah ! Comme ce parfait inconnu
Semble aussi parfait qu'inconnu.
Ah ! Comme ce parfait inconnu
Semble parfait.
Tout ignorer de quelqu'un,
Y a rien de mieux
Pour le trouver sans défaut, sans lacune.
- Petite soupe
Je nage, je nage, nage, nage au milieu du potage
Je coule, je coule, coule, coule dans le bouillon de poule
Je flotte, je flotte, flotte, flotte, en morceaux je mijote
Je fonds, je fonds, je fonds, je fonds et vous raclez le fond
Je nage, je nage, nage, nage dans l'immense village
Je coule, je coule, coule, coule dans l'épaisseur des foules
Je flotte, je flotte, flotte, flotte, je crie et je chuchote
- Quand nous aurons cent ans
Quand nous aurons cent ans et cent jours et cent nuits
Que nos petits-enfants auront fait des petits
Quand nos bras d'allumettes s'effriteront d'un coup
Que le poids de nos têtes écrasera nos cous
Que nous restera-t-il pour finir en beauté ?
Quand nous aurons cent ans et de beaux souvenirs
De nos corps s'aimantant comme deux gouttes de cire
- Racines d'or
C'est un chemin poudré de terre
Rose et dorée même l'hiver
Juste à côté du château de ma mère
Les ronces envahissent la mare
Et des batraciens goguenards
Viennent nourrir nos plus beaux cauchemars
On y vole, on y court, on y fait des tours et des tours
On voudrait en partir, on s'ennuie un peu faut bien dire
- Rondes larmes
J'ai marché autour du lac et je n'ai rien trouvé
Mais qu'est-ce que je cherchais ?
J'ai mis les pieds dans les flaques et je n'ai rien trouvé
Mais qu'est-ce que j'attendais ?
J'attendais de rondes larmes, de rondes larmes dans l'eau
J'attendais de pleurer car j'aime ça, pleurer, j'aime ça
- Soixante-neuf
Innocent, nageons ensemble dans l'eau de mon rêve
Ta soif est vive et mon jardin salive viens tremper tes lèvres
J'entends ton sang qui appelle mon sang de ta langue à ma sève
Nourris ton corps avec mon corps, que le festin s'achève
Me boire à la source je crois
Qu'il n'y a pas de meilleur mets pour toi
Blancheur de miel
Innocent, nageons ensemble dans l'eau de ton rêve
- Ton souvenir me prend ce soir
Le ciel est rouge et l'air est doux
La terre est meuble sous mes pieds
Comme si on l'avait retournée
Pour enterrer quelqu'un dessous
La nuit qui tombe au ralentit
Sur les blondes allées du parc
Trace autour de moi comme un arc
Mais je ne bougerai pas d'ici
- Un adieu
Tout n'était que chaleur, ombre et lumière
En ce matin d'avril marqué par ton départ
Une scène à ta grandeur (?) À ta splendeur, à ta mémoire
Comme un jardin d'été en plein cœur de la ville
Le sol était couvert de longues fleurs des champs
Tel un bouquet vibrant
Assis en rond tout autour
Nous t'attendions pour te parler d'amour
- Une tonne
Une année, j'ai pesé une tonne et cette année dura mille jours
Jamais on n'avait vu d'automne si long et de printemps si court
Tous les jeudis du Desdémone, j'allais oublier mon corps lourd
En noyant ma large personne dans des bains brûlant mes pourtours
Dans la chaleur du Desdémone, j'étais sexy belle et glamour
Mais à heure fixe et monotone, mon paradis fermait toujours
Alors je rentrais, pauvre conne, dans mon deux-pièces aveugle et sourd
Et j'allongeais ma pauvre tonne dans du velvet et du velours
- Voila
C'est une histoire ancienne et pourtant c'est dans ma tête
J'ai beau lui va-t'en elle reste là
C'est un vieux souvenir un craquement d'alumette
J'ai beau lui dire fous le camp il bouge pas
Voilà voilà voilà voilà
Si seulement dans ce qu'on est on pouvait faire un choix