- Causerie
Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose!
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.
— Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme;
Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé
Par la griffe et la dent féroce de la femme.
Ne cherchez plus mon coeur; les bêtes l'ont mangé.
- Confession
Confession
Une fois, une seule, aimable et douce femme,
À mon bras votre bras poli
S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme
Ce souvenir n'est point pâli);
II était tard; ainsi qu'une médaille neuve
- Danse macabre
Danse macabre
A Ernest Christophe
Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature,
Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants,
Elle a la nonchalance et la désinvolture
- De profundis clamavi
К Тебе, к Тебе одной взываю я из бездны,
В которую душа низринута моя...
Вокруг меня - тоски свинцовые края,
Безжизненна земля и небеса беззвездны.
Шесть месяцев в году здесь стынет солнца свет,
А шесть - кромешный мрак и ночи окаянство..
Как нож, обнажены полярные пространства:
- Harmonie du soir
HARMONIE DU SOIR
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
- l'albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
- L'homme et la mer
Homme libre, toujours tu chГ©riras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton Гўme
Dans le dГ©roulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
- L'invitation au voyage
Дорогое дитя!
Унесемся, шутя,
К жизни новой, далекой, блаженной,
Чтоб любить и гореть
И, любя, умереть
В той стране - как и ты, совершенной!
В небесах влажный луч
Меж разорванных туч
- Le Chat
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
- LE TONNEAU DE LA HAINE
La Haine est le tonneau des pâles Danaïdes ;
La Vengeance éperdue aux bras rouges et forts
A beau précipiter dans ses ténèbres vides
De grands seaux pleins du sang et des larmes des morts,
Le Démon fait des trous secrets à ces abîmes,
Par où fuiraient mille ans de sueurs et d'efforts,
- Les Chats
No one but indefatigable lovers and old
Chilly philosophers can understand the true
Charm of these animals serene and potent, who
Likewise are sedentary and suffer from the cold.
They are the friends of learning and of sexual bliss;
Silence they love, and darkness, where temptation breeds.
Erebus would have made them his funereal steeds,
Save that their proud free nature would not stoop to this.